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Rencontre avec Grégoire Louge, réalisateur et scénariste toulousain !

29 mai 2018

Rencontre avec Grégoire Louge, réalisateur et scénariste toulousain !

Aujourd’hui, Bobby te présente Grégoire Louge, un artiste qui est actuellement directeur d’une agence de production audiovisuelle, qu’il a créée à Toulouse. Passionné de cinéma, son parcours a été parsemé de débrouille, de rêves, de belles opportunités, mais aussi d’embûches. Une succes story toulousaine comme on les aime ici ! 

J’ai toujours voulu faire du cinéma, depuis que je suis tout petit. Au départ, j’ai commencé par faire ce que j’appelais des films sans caméra : je passais des jours à construire des Legos et je faisais semblant de filmer des histoires, sans caméra. Après, vers 13-14 ans, j’ai racheté un caméscope VHS d’occasion qui devait coûter 1000 francs, avec toutes mes économies de l’époque. J’ai commencé à regarder beaucoup plus de films, à acheter des magazines spécialisés ciné.

Et j’ai compris qu’il fallait avant tout écrire pour faire un film. J’ai appris tout seul, sans avoir les codes, et j’ai écrit mon premier scénario qui devait faire 70 pages. C’était vraiment de la daube, je l’ai jeté. Puis à 19 ans, avec mon petit caméscope VHS, j’ai tourné un premier film long, qui parlait d’amour. J’ai mis un an et demi à le monter, avec Movie Maker, mais j’étais très content d’être allé jusqu’au bout.

Entre-temps est arrivée la révolution du DVD, qui m’a permis de visionner les making-off dans les bonus. Ca rend accessibles pas mal de savoirs, j’ai beaucoup appris grâce à ça. J’ai projeté ce film dans une maison avec mes copains. Honnêtement, le film était mauvais, mais j’avais le mérite de l’avoir fini !

La plupart des retours que j’ai eus étaient « t’as quelque chose ». Mais, j’en avais marre du manque de moyens alors j’ai travaillé l’été entre mes études en AES, ce qui m’a permis d’acheter un caméscope numérique. J’ai réalisé un court métrage, que j’ai présenté à un mec d’une société de production. J’étais terrorisé pendant qu’il le visionnait. Pendant un long moment, il n’a rien dit, puis il a dégommé tout le film d’une manière extraordinaire, en critiquant tout ce qui n’allait pas. Il m’a aussi montré tout ce que je savais faire par rapport à d’autres : selon lui, il avait vu « un vrai film », ce qui n’était pas toujours le cas, même avec les films des diplômés.

Voilà mon point de départ, enfin quelqu’un qui me disait des choses constructives pour avancer et m’améliorer !

J’ai donc pris 7 mois pour faire un 3ème court métrage sur l’alcool au volant. J’ai réalisé un story board intégralement. J’avais des logiciels de montage de meilleure qualité et j’ai bossé avec une amie. Avec des copains, on a monté une association de production. C’était encore de la débrouille, on n’avait pas d’argent. On s’est quand même offerts des accessoires et une maquilleuse.

Ce film n’avait plus rien à voir avec les précédents, il a eu beaucoup plus d’impact ! Quand je l’ai projeté, des gens pleuraient en sortant de la séance !

Vu que le film a bien marché, j’ai tenté des festivals, il a été repéré sur Internet et a été sélectionné dans un festival en Belgique. On a fini dans les 25 premiers sur 500. Sur place, on s’est rendus compte qu’on avait le seul film qui n’était pas fait professionnellement !

On a rencontré des gens du milieu, mais j’ai réalisé qu’il y avait beaucoup de prétention et que c’était pas ma tasse de thé. Lors d’un festival parisien, un producteur a carrément dézingué mon film avec une insuffisance insupportable alors que je lui demandais juste ce qu’il en pensait pour pouvoir avancer. Suite à ces rencontres, je me suis senti fragilisé.

Pendant ce temps, la révolution digitale m’a permis d’apprendre la technique : les partages sur Internet, les tutos, les logiciels qu’on pouvait craquer… tout est devenu accessible ! J’ai fais des petits films sans les envoyer. J’en avais un peu marre aussi de ne pas pouvoir aller plus loin à cause du manque de moyens.

Un jour, j’ai réussi à décrocher un rendez-vous avec une productrice de France 3. Je lui ai montré un  des mes courts métrages, pour avoir un avis professionnel, savoir si je devais renoncer ou non. Et là, horrible : la femme saute des passages du films, regarde une minute seulement et arrête. Elle me dit « Moi je vois rien. Si j’avais eu un coup de cœur, j’aurais fait quelque chose, mais là j’en ai pas ». Je me suis démoli, j’ai proposé quand même de lui envoyer un futur projet et elle m’a répondu clairement qu’elle n’aurait pas le temps.

J’étais démoli, fracassé. J’ai passé un an sans rien faire. Et puis un jour, je me suis dit « Je vais lui faire fermer sa gueule ».

J’ai continué à me former avec des tutos et j’ai réalisé des clips, des teasers, des vidéos pour des DJs. On se faisait arnaquer sur le tarif, mais tant pis. J’avais un job alimentaire et je faisais une double journée tous les soirs, avec Emilie, ma collègue actuelle. A force d’avancer dans des projets, ça nous a donné confiance, on maîtrisait mieux le motion design, on sentait une bonne dynamique. On a investi dans du matos.

Et puis est venue la question : est-ce que je quitte mon job pour faire ça ? Je l’ai fait, je me suis mis à mon compte. J’ai eu de la chance, ça a marché tout de suite, j’ai travaillé pour des agences, des grands comptes. J’ai eu un très bon chiffre d’affaire les 2 premières années.

En 2013, j’ai eu le contact de TAT Productions, qui produisait la série Les As de la Jungle et qui cherchait des scénaristes. J’ai eu la chance d’être retenu pour co-écrire 2 épisodes de la première saison. C’était un nouveau challenge et une vraie formation à l’écriture ! La série a d’ailleurs été nominée et récompensée aux Emmy Awards.

Puis, j’ai décidé de fonder Hipolito, ma société de production, dans laquelle on affirme une identité, des opinions et un esprit critique. J’aime produire pour la publicité, on peut faire de belles choses. Il y a souvent de vrais artistes derrière, avec une place importante à l’écriture et à la conception, c’est ce qui me plaît.

Je me vois d’ailleurs davantage comme un mec qui raconte des histoires, que comme un technicien.

HIPOLITO – showreel motion design 2017/18 from HIPOLITO on Vimeo.

C’est très valorisant de se dire qu’on ne doit son succès qu’à soi-même, même si c’est dur et qu’il faut s’accrocher. J’ai grandi avec le cinéma, ça fait partie de mon identité.

Ma famille ne m’a pas vraiment soutenu, mais j’ai eu la chance d’avoir fait des rencontres qui m’ont poussé à persévérer grâce à leur soutien. Pour la suite, j’ai 2 projets de films qui sont en cours d’écriture. Mais je donne la priorité à mon agence pour le moment !”

 


Toujours à l'affût de nouvelles découvertes, j'aime écouter les créateurs en tous genres me raconter leur histoire ! Dingue de fromage et groupie assumée, je sais aussi rapper, mais uniquement sur La Tribu de Dana.