Transporte-moi, Toulouse : carré de l’enfer et strapontins.
Tu connais mon amour pour les transports en commun, et surtout pour le bus quand la ligne A est interrompue l’été. Alors, tu vas te dire, celle-ci elle est jamais contente, elle se plaint parce qu’il y a plus de métro, et quand y’a le métro, ça va pas non plus. Je me plains pas, je constate ! Je constate même avec amusement, je t’assure.
L’autre jour, j’allais rejoindre Océane à la trop belle bibliothèque d’étude et du patrimoine. J’étais pas déjà de bonne humeur, parce que lundi matin il avait fait beau. Et moi comme une enfant qui croit que si la bonne fée arrive, il peut plus rien se passer de fâcheux jusqu’au générique de fin du Disney, j’me disais naïvement que la grisaille s’était envolée forever and ever. Spoiler : non, il a plu 2h après.
Bref, je prends le métro à 13h58. Blindé. Tu sais blindé au point que les gens qui sont collés à la vitre qui va s’ouvrir sortent à chaque station pour… respirer. Franchement, j’avais pas envie de m’infliger ça. J’attends le suivant, y’a moins de monde. Et parce qu’il faut savoir s’auto congratuler, je me jette des fleurs imaginaires de satisfaction d’avoir été patiente, en me moquant tellement des gens qu’ont eu moins de jugeote. Oui, j’en suis là, ne juge pas.
Je rentre dans la rame, et là je constate qu’un phénomène se répète. Les gens qui étaient à l’intérieur, devant les portes qui s’ouvrent (le fameux carré de l’enfer), te regardent galérer pour te faxer et rentrer...mais n’ont pas la présence d’esprit d’occuper la 2ème partie dudit carré. ll est pourtant vide, et servirait donc à ce que tout le monde puisse avoir 2 cm de liberté entre chaque partie de son corps et celle de son prochain. Bah non, parce que y’en a un qu’est en train de streamer Dommage de BigFlo et Oli en se disant qu’il faut qu’il élabore une strat’ pour pas finir comme le con du bus qu’a pas abordé la fille là. Et l’autre qu’essaie de ranger son parapluie sans mouiller ses dossiers de la Cogip (cherche pas mec, la technique a pas encore été inventée par une startup, mais j’suis sur le coup). Bref, ils ne lèvent pas la tête et en ont que foutre de ta liberté de respiration.
Le pire, je crois que c’est les gens qui ont les fesses collées là où y’a le strapontin. Ceux là mes ptits potes, jamais ils bougeront. T’as l’impression qu’ils sont scotchés dans un espace plus sécurisé que les autres, et qu’ils sont fiers de rentrer parfaitement dans ces 50cm2. J’ai envie de leur acheter un tee-shirt avec écrit “I WAS BORN TO FIT HERE”. Mais à la réflexion, j’ai un peu peur qu’on balance leur port (c’est cadeau).
Et puis, parfois, j’ai sincèrement de la peine pour les mecs qu’ont conçu les nouvelles rames des métros. Je fais partie des gens qu’ont connu le métro avec uniquement un espace debout, le fameux carré, et un espace assis avec 3 sièges de chaque côté en vis à vis, où tu te regardais entre 12 yeux, et où y’avait pas du tout de possibilité d’être debout entre les jambes des gens.
Puis un jour, les gars de Tisséo ont enfin compris le schmilblick, et ont transformé les rames. Pour qu’il y ait un côté 2 places assises, 3 personnes debout-fesses-au-confort-des-coussins-de-velours, et potentiellement d’autres gens debout entre ces 2 surfaces. Alors, je sais pas si c’est le côté nostalgie qui les envahit, parce que la plupart du temps, les gens font comme en 2004, comme si le temps n’avait pas changé, que K-Maro voulait toujours une femme like you, et qu’on pouvait toujours pas être debout ailleurs que dans ce petit carré infernal. Donc y’a de la place, mais personne n’y va. Et si t’as le malheur de te dire que t’es pas un mouton et que toi tu vas y aller pour niquer le système (ou simplement profiter des possibilités offertes), tu te fais regarder comme si tu chantais les Lacs du Connemara à 8h30.
Le monde va-t-il si mal que l’inconscient des gens les poussent à être collés les uns aux autres, en oubliant l’existence de leur cerveau ? Bref, sortie de la rame et de toutes ces réflexions (f)utiles, je suis arrivée à la bibliothèque, j’me suis installée aux tables et là j’ai vu que des meufs soupiraient en me voyant m’asseoir, parce que y’avait des tables complètement vides à côté. Ca va, j’avais pas vu et franchement, j’allais pas non plus tout redéménager pour des gens qu’ont un besoin d’espace maladif.