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ARTISTES CHRONIQUES ARIEGEOISES

Delphine Panique, figure de la BD toulousaine

19 février 2019

Delphine Panique, figure de la BD toulousaine

On ne saura pas pourquoi elle a choisi le pseudo Delphine Panique, mais l’illustratrice toulousaine s’est volontiers confiée pour nous parler de son parcours, de son travail et de sa vision de la bande dessinée. Entretien avec une autrice engagée !

©Delphine Panique

 Comment es-tu devenue illustratrice ? C’était un rêve d’enfant ?
J’ai toujours aimé dessiner, mais je ne pensais jamais en faire mon métier ! Après un passage au Beaux-Arts de Toulouse, j’ai fait une fac de Lettres. Puis, je me suis tournée vers l’édition, j’ai fait un stage en graphisme aux Éditions Seuil Jeunesse. Je me suis formée sur le tas. J’ai finalement été embauchée dans cette même maison d’édition en tant que graphiste.
À Toulouse, j’ai rencontré Damien et Guillaume, les jumeaux des éditions MISMA qui m’ont aussi menée vers les éditions Milan pour faire de l’illustration.
En 2012, j’ai sorti mon premier album, Orlando (éditions MISMA) et j’ai enchaîné avec En temps de guerre (éditions MISMA), sélectionné à Angoulême, et j’ai gagné ainsi en notoriété.

Quelles sont tes inspirations ? Des personnalités, le cinéma, la littérature ?
Clairement, la littérature. C’est visible dans Orlando, tiré du roman de Virginia Woolf, et l’Odyssée du vice (éditions Requins Marteaux) qui fait référence à l’Odyssée d’Homère.
J’ai aussi écrit des chroniques littéraires pour la revue TOPO.

Comment travailles-tu ?
Je pars d’une idée, d’un propos avant tout. Je cherche à questionner. Puis j’avance chapitre par chapitre. J’écris le texte, voire les descriptions du dessin. Puis je dessine. Ainsi je fais évoluer les personnages et l’histoire au fur et à mesure de mon travail. En période de création, j’y réfléchis tout le temps, au quotidien. Il y a un côté expérimental dans ma démarche, même si j’ai toujours l’angoisse de la fin ! Je me demande comment va finir l’histoire.
Côté technique, j’utilise du papier et un stylo Rotring. Si je veux de la couleur, je finalise sur ordinateur. Contrairement à beaucoup d’autres, je ne crayonne pas. Je laisse venir le trait qui m’emmène ou non là où je le souhaite. Il y a une certaine magie dans tout cela !

Quels sont tes thèmes de prédilection dans tes albums ?
Avant tout, la condition féminine, mais aussi les questions de genre. Et puis de l’absurde et du fantastique.

Selon toi, la place des femmes dans le monde de la BD est-elle en train de changer ?
Les femmes sont de plus en plus présentes dans le monde de la BD indépendante. Le changement est rapide et énergique. On trouve beaucoup d’ouvrages d’autrices maintenant. Cette année à Angoulême, le Grand Prix a été décerné à une femme : Rumiko Takahashi ! C’est un signe encourageant.
Je fais partie du Collectif des créatrices de bande dessinée qui dénonce et combat le sexisme dans notre milieu.
Et je suis par ailleurs attachée au mot « Autrice » que nous voulons réhabiliter.

Et la place de la BD dans la culture en général ?
L’industrie de la BD se porte bien, c’est sûr. Mais ça ne se ressent pas forcément chez les auteur.rice.s !
Nous sommes quand même de plus en plus pris.e.s au sérieux. Je suis régulièrement invitée à intervenir en milieu scolaire, lors de tables rondes et pour des conférences. Nous ne sommes plus confiné.e.s à l’univers jeunesse.

Toulouse est-elle une terre de BD ?
Selon moi, pas spécialement. En tout cas, peu d’auteur.rice.s sont basé.e.s à Toulouse par rapport à d’autres grandes villes comme Lyon, Marseille ou Bordeaux. Mais le Festival de Colomiers prend de l’ampleur et peut faire bouger les choses.

Quelle est la collaboration qui t’a le plus marquée ?
J’ai fait une résidence PFC (Pierre Feuille Ciseaux) organisée par l’association ChiFouMi en marge du dernier Festival d’Angoulême. Nous étions 16 auteur.rice.s de plusieurs pays réuni.e.s dans une ferme à la campagne pour créer une BD collective sous contraintes. Nous avons fait du super travail et l’accueil était top.

Cette année encore, tu as été en sélection officielle du Festival d’Angoulême. Comment as-tu vécu l’expérience ?
C’était très positif, notamment grâce à la résidence. Effectivement, mon dernier album (Le vol nocturne) était en sélection officielle. J’ai bénéficié d’une belle visibilité et de nombreux retours.

Quels sont tes projets ?
Un recueil de mes chroniques pour la revue TOPO va sortir aux éditions Gallimard : Les Classiques de Patrique. Ce sont des billets décalés de chefs-d’œuvre de la littérature.
Et puis je planche sur un nouvel ouvrage, mais il est encore trop tôt pour en parler !

Retrouve la plume de Delphine Panique dans plusieurs extraits :

En temps de guerre

L’Odyssée du vice

Le vol nocturne

 

* obligatoire

Gourmande et curieuse, je ne rate pas un bon plan fooding à Toulouse. Quand je ne suis pas attablée, j’assouvis mon autre passion : le spectacle vivant, improvisé de préférence. Je surveille de près les initiatives tournées vers la solidarité et le développement durable. Soucieuse de mon empreinte carbone, je me déplace toujours à vélo, quitte à me perdre dans les petites rues (oui, même après 10 ans dans la ville rose).