Manon Bril, la youtubeuse toulousaine qui dépoussière l’histoire !
Entre deux tournages, Manon Bril de la chaîne Youtube « C’est une autre histoire » m’a accordé un entretien pour parler d’histoire, de vulgarisation et de sa chaîne Youtube (avec plus de 150 000 abonnés). Rencontre avec cette Toulousaine dynamique qui décortique l’histoire (mais pas que) dans un format pop et pétillant.

Manon, quel est ton parcours ?
J’ai d’abord été professeure des écoles et en même temps j’ai repris mes études pour faire un Master d’Histoire en sciences de l’Antiquité. Après mon Master, j’ai eu un financement pour aller en thèse. J’ai démarré la chaîne Youtube pendant ma troisième année. Maintenant que j’ai terminé ma thèse, je ne fais plus que des vidéos.
Comment t’es venue l’idée de créer une chaîne Youtube ?
En avril 2015, j’ai participé au concours « Ma thèse en 180 secondes », organisé par le CNRS, qui permet aux doctorants de présenter au grand public leur sujet en trois minutes. J’ai eu le Prix du public à la finale régionale. C’était gratifiant parce que ça voulait dire que la majorité de la salle avait été convaincue. Je me suis dit qu’il y avait peut-être un public pour le ton et les sujets qui sont les miens.
En juin, j’ai fait une vidéo avec un pote intitulée « Toulouse au détail ». C’était pour un concours de court métrage sur la ville de Toulouse. Elle a fait le buzz avec 80 000 vues en une semaine et la presse locale en a parlé. En septembre 2015, j’ai donc créé une chaîne Youtube de vulgarisation sur des sujets que je connais.
Je conçois mes vidéos comme si je m’adressais à mes potes, Manon Bril.
À qui s’adressent tes vidéos ?
Je n’ai pas vraiment réfléchi à une cible à la base, mais je conçois mes vidéos comme si je m’adressais à mes potes, avec un style urbain et pop. Du coup, sans surprise, ceux qui regardent sont de ma génération, les 18-35 ans. Je retrouve un peu de 35-45 ans, mais je n’ai pas beaucoup d’ados. Comme beaucoup de chaînes de vulgarisation, il y a plus d’hommes (70-60 %) que de femmes (40-30 %).
Comment tu travailles ?
Un pote filme et un autre fait la musique. Pour certains contrats, je bosse ponctuellement avec une boîte de production. Je m’occupe du montage vidéo.

Comment la vulgarisation est-elle perçue dans ton milieu ?
J’ai de très bons retours de beaucoup de gens dans le milieu de l’histoire. Je commence à avoir une certaine notoriété et ma thèse donne un crédit. J’ai eu des critiques sur la forme et le style d’humour, mais pas sur le fond.
Quel lien entretiens-tu avec tes abonnés et ceux qui te suivent ?
J’interagis pas mal sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter. Moins dans les commentaires des vidéos parce qu’ils sont trop nombreux et que je ne peux pas répondre à tout le monde.
Quel est ton meilleur souvenir de tournage ou de collaboration ?
Le tournage de la vidéo sur Persée et Méduse où plein de copains vidéastes sont intervenus. On était en vacances dans une maison et on en a profité pour tourner. On a mélangé travail et vacances. C’était un moment super sympa.

Qu’est-ce que tu regardes sur Youtube ?
Bizarrement, je ne regarde pas beaucoup de vulgarisation. J’essaye quand même de me tenir un peu au courant de ce que font les copains, mais je regarde plus des trucs drôles, juste pour me détendre. Ou alors des vidéos de contenu mais avec un ton humoristique, comme Copain du Web. J’aime aussi beaucoup la chaîne de Karim Debbache (Chroma).
Et si Youtube n’existait pas ?
À la base, je pensais faire de la recherche. Comme c’est mieux d’être agrégé.e, je pense que je serais en train de préparer l’agrégation. Mais ça tombe bien parce que je n’ai pas envie de le faire !
À part ta chaîne, quelles sont tes autres activités ?
J’interviens dans des événements variés. On m’invite principalement pour parler d’histoire, de vulgarisation ou de la manière de gérer sa chaîne Youtube.
Cette année je suis allée à différents festivals : « Frames » à Avignon, « Les Historiques » (organisé par le youtubeur Nota Bene), « Les Rendez-vous de l’histoire » à Blois. Cet été, j’ai aussi été invitée au festival international de journalisme, organisé par le groupe Le Monde. Ce n’est pas forcément que des événements de vidéastes. Les nouveaux médias et le monde de la vulgarisation s’intéressent de plus en plus à Youtube.
Pour finir, quels sont tes projets ?
Je serai au festival « L’histoire à venir » au mois de mai, organisé par l’Université de Toulouse.
Je viens aussi de finir un cycle de vidéos sur des villes, comme on l’a fait pour Toulouse, financé par la Commission européenne. La dernière vidéo sur Bucarest vient de sortir. Et je repars la semaine prochaine pour tourner à Vienne et à Bratislava !
Retrouvez Manon Bril sur sa chaîne Youtube C’est une autre histoire, sur Facebook et sur Twitter !