L’humoriste Fabien Guilbaud revient chanter faux et fort à Toulouse !
Fabien Guilbaud, humoriste toulousain devenu parisien, nous fait le plaisir de revenir à Toulouse pour jouer son spectacle « Fabien Guilbaud chante faux et fort », 3 soirs cette semaine, au Théâtre de poche ! Un spectacle original, révélant moult qualités d’esprit et de finesse, rythmé par les cordes de guitares et de subtiles blagues rimées. Une belle surprise, qu’on te conseille vivement d’aller voir avant que les billets deviennent bien plus chers qu’une étagère BILLY. J’en ai profité pour l’interviewer au passage, en bonne groupie que je suis.
En bonus, un petit extrait où Fabien était passé dans mes chroniques à 100%, mémorable :
Dans ton spectacle, tu joues beaucoup de chansons humoristiques. Par quoi as-tu commencé, la musique ?
Pas du tout. J’étais passionné d’humour depuis tout petit, sans jamais penser un jour que ce serait accessible pour moi. Je voyais vraiment les humoristes comme des surhommes. En grandissant, j’adorais les chansons humoristiques d’Oldelaf par exemple ou encore de Fatal Picards. Je faisais beaucoup de théâtre, et je me suis rendu compte que ce qui me plaisait le plus, c’était de faire rire. Jouer des émotions, ça m’intéressait pas. Je connaissais rien en musique, mais ma meilleure amie avait une guitare dont elle se servait peu, et à chaque fois que j’allais chez elle, je grattais quelques trucs sans vraiment m’y connaître. Un jour, j’ai improvisé des débuts de chansons à la guitare, ça a fait rire mes potes. Du coup, j’ai fini par écrire des chansons entières ! Ma meilleure pote m’a offert sa guitare à condition que j’apprenne à jouer et que je continue à écrire des chansons. Et c’est ce que j’ai fait pendant 4 ans ! Mais je faisais ça uniquement pour mes potes.
Y’a des chansons qui sont dans ton spectacle que t’avais écrites à ce moment-là ?
Oui, après je les ai beaucoup changées mais oui certaines y sont encore !
Et donc, raconte-nous la première scène de Fabien Guilbaud !
J’étais venu tout seul à un spectacle d’humour sur Toulouse, et à côté de moi, un mec m’a proposé de venir voir une scène ouverte qu’il lançait, le Comptoir du Rire. Le mec, c’était Haroun (humoriste à succès) ! Je lui ai demandé s’il y avait des chansons humoristiques car j’en faisais, il m’a dit que non, et m’a proposé de jouer. J’ai bien sûr dit non, car c’est pas ce que je voulais faire. Et en allant au Comptoir du Rire, j’ai adoré l’ambiance scène ouverte en tant que spectateur. Je suis allé voir Haroun et je lui ai dit « Ok, finalement je veux bien jouer ». Ma première était incroyable, c’était une sensation folle, vraiment mon meilleur souvenir ! Je suis hyper reconnaissant envers Haroun, c’est lui qui m’a aussi motivé à écrire mon spectacle.
Comment as-tu créé ce personnage à la fois un peu loser et parfois insolent aussi ?
C’est venu assez naturellement en fait. Quand j’ai commencé à jouer ma chanson à la première, les gens ont commencé à taper des mains, et j’ai dit spontanément : « Non, mais en fait, applaudissez pas, j’ai écrit un texte, c’est pour que vous l’écoutiez ». Et les gens ont commencé à rire, et m’ont dit à la fin que c’était un passage des plus drôles. Donc j’ai travaillé ce personnage qui est un peu un anti-héros, qui me ressemble mais avec les curseurs poussés au maximum.
Dans ton spectacle, tu « taquines » pas mal des gens du public, est-ce que certains le prennent mal ?
Non, vraiment. Au tout début, comme on m’avait dit que cette espèce d’ « insolence » plaisait, j’y étais allé à fond pour la suivante, mais en fait, en regardant la vidéo après, je me suis juste trouvé désagréable et méchant. Donc je fais vraiment attention à ce que je sois ridicule avant eux et surtout plus qu’eux. Il faut trouver un équilibre entre le rentre-dedans, sans être vexant, et jouer le personnage tout en faisant comprendre que ça reste de l’humour. Je fais aussi en sorte que le public comprenne qu’on est au même niveau. Un jour, j’ai sollicité une fille du public, qui a fait une vanne super drôle, j’étais le premier à rire !
Peux-tu nous expliquer comment tu crées les sketchs et les chansons ?
Si seulement y’avait une recette ! Beaucoup d’humoristes voient parfois ça comme un truc hyper technique, avec tel modèle de vannes. Moi, j’aime bien me dire qu’il y a un peu d’instinct. Ca peut être dans la rue, ou une discussion avec quelqu’un rencontré en blablacar… Après avoir fait un « squelette » improvisé, on peut rajouter un peu de technique pour peaufiner. Pour les chansons, parfois je sais ce que je veux dire, je m’arrange pour que ça rime. Et à un autre moment, c’est la rime qui va m’aider à trouver la blague, à laquelle j’aurais pas forcément pensé !
Qu’est-ce que la scène a changé dans ta vie ?
Je me suis jamais autant épanoui que depuis que je fais ça. Après, la scène m’a pas forcément enlevé ma timidité. Une fois que j’ai fini mon spectacle, j’aime bien être un peu dans mon coin. Un truc que la scène m’a vraiment apporté, c’est l’humilité ! J’étais beaucoup plus prétentieux avant. Faire de la scène est hyper instructif, ça t’apprend que rien n’est gagné d’avance. Tu peux te prendre un énorme bide après avoir cartonné la veille. J’ai aussi réalisé que faire rire des gens sans avoir une grande notoriété me satisfaisait pleinement, alors qu’avant je rêvais d’être connu par exemple.
Tu vis maintenant à Paris, où tu enchaînes les plateaux et où tu joues ton spectacle. Comment as-tu été accueilli dans la capitale ?
Y’a toujours ce cliché des parisiens pas sympas, alors qu’ils ont été hyper accueillants ! Je suis super content. La concurrence est plus rude avec les autres humoristes parce qu’on est beaucoup, mais il y a aussi des avantages. Je peux jouer sur 3 plateaux par jour sans aucun problème, c’est trop bien ! Ca me permet de tester mes blagues.
Parle-nous de ta troupe le Laugh Steady Creaw.
On joue tous les mercredis, et le public donne un thème pour le mercredi d’après. Ca peut être n’importe quoi, le chips, le polyamour ou le Québec libre. C’est génial car ça nous emmène sur des pistes qu’on aurait pas eu l’idée d’explorer et surtout, ça nous donne un rythme d’écriture. Ca te force à écrire des choses nouvelles, même si ton spectacle à toi est déjà écrit.
Est-ce que la taille du public a une influence sur ta prestation ou ton ressenti ?
Non. Il m’arrive de stresser beaucoup plus quand je joue devant 15 personnes que devant 2000. Que ce soient 20 ou 2000 personnes qui viennent te voir jouer, elles ont payé leur place et se sont déplacées exprès, donc tu leur dois d’être à la hauteur quoi qu’il arrive, pour qu’elles passent un bon moment.
Tu joues tous les mercredis ton spectacle à Paris à la Petite Loge, est-ce que tu as d’autres projets ?
J’adorerai varier les formats, avec des spectacles avec un virement énorme à chaque fois. Le spectacle que je joue actuellement, c’est surtout de la chanson. J’aimerais en faire sur la politique par exemple, mais sans chansons. Ou encore, comme j’ai une formation d’avocat, faire une conférence sur le droit de façon humoristique. Les gens sortiraient en ayant ri mais en ayant aussi appris des trucs. Je pense que dans le prochain spectacle, y’aura pas de guitare. Etre auteur pour moi, c’est créer des trucs nouveaux, inventer, proposer quelque chose de neuf que les gens ont pas vu ailleurs.