Monsieur Tristan, l’excentrique attachant qui nous surprendra toujours !
Ca faisait un petit moment que je vous avais pas présenté des humoristes. Aujourd’hui, j’ai rencontré Monsieur Tristan qui jouera mardi 18 décembre à la Comédie de Toulouse. Un artiste avec plein de cordes (de guitare) à son arc, qu’on aime pour son excessive décontraction totalement assumée, si bien qu’on a tout de suite envie d’aller trinquer avec lui. Musicien de première date, il joue ses compos en utilisant divers instruments, entremêlées d’humour, bien sûr ! Tristan est un original auquel on s’attache dès le premier pied posé sur scène, et qui, soyez-en certain.e, saura vous surprendre ! Entretien.
Hello Tristan, raconte nous un peu comment tu en es arrivé à Monsieur Tristan ?
J’ai d’abord fait du piano au conservatoire quand j’étais petit, et puis j’ai commencé à jouer dans des groupes à partir du lycée. J’en ai eu plusieurs, où on jouait du jazz manouche, du hip hop. Selon les groupes, j’ai composé ou écrit. Là, à côté du spectacle Monsieur Tristan, j’ai toujours un groupe qui s’appelle Ze Tiube, où on joue du jazz manouche débile, avec des reprises, qu’on traduit parfois.
Y’a de l’humour aussi dans ce groupe ?
Je dis beaucoup de conneries, et mes potes s’y mettent aussi ! J’ai toujours fait le con sur scène. Même dans un vieux groupe, on était déguisés n’importe comment.
Parle-nous donc des débuts de ton spectacle solo, Monsieur Tristan.
J’ai commencé Monsieur Tristan en pensant que j’allais faire jumper les gens, avec des morceaux hip hop et du beat box. Je disais des conneries entre les morceaux. J’ai vu que les gens jumpaient pas tout de suite. J’ai alors écrit des chansons avec des paroles marrantes, et c’est naturellement devenu de plus en plus humoristique.
Mais y’a eu un vrai déclic, là où j’ai basculé, où j’ai compris.
Je devais jouer pour la première fois aux apéros du Théâtre du Grand Rond, du mardi au samedi. J’avais fait une grosse fête la veille, un lundi soir bien sûr (rires). Je me suis dit, de toute façon y’aura personne, ça me fera une répète. Et là, je vois que c’est blindé, y’a même des gens qui pouvaient pas s’asseoir et tout. Je me dis merde, ça craint, j’ai pas trop répété, j’avais la gueule dans le cul. Je commence à jouer, ça marche bien quand même. Et au 3ème morceau, je devais chercher le tempo pour le beat box, et ça me venait plus, je galérais. Je ferme les yeux pour me concentrer et je fais naturellement un grand soupir. Et là, les gens explosent de rire. J’ouvre les yeux, et là, les gens re-rigolent. Je me suis dit putain, en fait tu soupires et tout le monde rigole. C’est là que j’ai compris que c’est ça que je voulais faire, plus qu’un concert mais vraiment un spectacle. Avec de la musique toujours.
De quels instruments tu joues ?
Je suis chanteur d’abord. Après je joue du piano, de la guitare, du clavier, de la basse. J’utilise mes machines, le looper (petite machine qui enregistre les sons pour les répéter en boucle). Je fais aussi du beatbox et je peux chanter des chœurs.
Tes chansons humoristiques comme le Mec du Canapé, ou le Mec de ma Copine intriguent, on a envie de savoir s’il y a du vécu derrière !
Je sais pas s’il faudrait le dire, mais oui tu pars toujours d’un truc vrai à la base, et tu brodes après.
« Le mec du canapé », ça m’est arrivé. J’étais parti d’une coloc, je pensais que mon intermittence allait se renouveler mais en fait non. J’allais donc passer 2 mois sans être payé. J’ai donc dormi chez plusieurs personnes et en allant chez mon frère, j’étais dans le métro, et je me suis « Je suis sur le mec du canapé ». Et avant d’arriver chez lui, je me suis arrêté à un bar, et j’ai écrit la chanson quasiment d’une traite. Normalement je suis lent à écrire, et là c’est sorti tout seul ! Pour « Le mec de ma copine », ça se base sur du vrai mais c’est bien plus imaginé que ça n’a été vécu.
Le guitariste de plage est une de tes chansons « phare », tu peux nous en parler ?
C’est un délire avec mon frère, on parlait de ce type qui prend sa guitare en soirée et met l’ambiance, mais qui du coup se retrouve tout seul à la fin. Parfois c’est cool, mais parfois ça casse l’ambiance !
Tu racontes au public que bon nombre de chansons à succès sont basées sur les mêmes 4 accords. Est-ce que pour un musicien comme tu l’es, ce manque d’originalité est pas un peu énervant ?
Non, je m’en fous, même si plus jeune, ça a pu m’énerver un peu. Après, j’en parle pour que les gens qui sont pas du métier sachent quand même, parce qu’ils sont abusément utilisés dans la variété. Parfois oui, c’est un peu désolant d’avoir la même soupe. Mais moi, je les ai utilisés moi-même pour le mec de ma copine ! Et puis des accords, y’en a pas vingt mille. Je critique les choses que j’aime pas, mais aussi les trucs que j’aime. Par exemple j’aime le rap westcoast, mais les clichés, je peux pas les manquer !
Quelle est l’histoire de ces lunettes blanches que tu portes constamment ?
Y’a pas vraiment d’histoire. Je les ai achetées pour un concert, j’ai vu que c’était pratique pour tenir mes cheveux, et je les ai gardées ! J’essaie de les enlever parfois, mais j’ai du mal, donc je les porte même en hiver, même si ça peut faire bizarre (rires).
Tu as donc une place « entre deux » entre humoriste et musicien. Comment est-ce perçu pour le public et pour les professionnels ?
Le public est content, car souvent il s’attend pas à ça. Parfois ils ont vu un clip, ils s’attendent à un concert et finalement non. Les programmateurs, eux, sont parfois frileux. Au final, je pense que c’est une force d’avoir plusieurs casquettes, mais pas forcément une force de vente. Mais moi, ça me permet de vivre en tant qu’intermittent en étant tout terrain. Quand je vais jouer pour des touristes, je fais des reprises, je m’éclate. Je peux chanter un version grunge des Beattles ou Amy Whinehouse en reggae. Mais ma place est maintenant plus dans les trucs d’humour. En fait, j’ai plein de trucs dans mes poches et selon l’endroit où je suis, bah je m’adapte. Après ce que j’aimerais c’est faire mon spectacle dans les théâtres et que les gens viennent mais on en pas encore là. En ce moment, je bosse aussi sur des morceaux pas drôles, du rock en anglais. Je les mets de côté et on verra ce que j’en fais.
Donc, il est possible qu’on te voie un jour jouer sans teinte d’humour ?
En vrai je suis fan de trucs pas drôles, de musiques sombres ! On verra si ça se fait, mais ça s’appelera pas Monsieur Tristan. J’avais tenté un truc qui s’appelle Monsieur Tantriste, au Grand Rond. Je stressais bien plus que pour faire le con. Je disais des conneries entre les morceaux car je me sentais obligé. Et pour moi et pour les gens car le théâtre avait mis « le nouveau spectacle de Monsieur Tristan ». Et ya plein de gens qui ont pas compris. Yen a qui étaient agréablement surpris et d’autres qui s’attendaient à autre chose.
Un truc intéressant, c’est que dans l’autre sens, ça marche. Un jour, j’avais fait mon spectacle classique, la moitié des gens sont partis à la fin. Et puis, j’ai joué après en 2ème partie, des morceaux pas drôles en anglais, des reprises. Dans ce sens, ça a marché, les gens t’en veulent pas, au contraire, ils sont impressionnés. Mais si tu fais juste autre chose, ça marche pas. Et même pour moi, c’est plus facile, je suis plus détendu car je les ai fait marrer. S’ils viennent me juger que sur ça, après j’ai envie de leur dire « Oui mais vous savez normalement je suis drôle ! » (rires).
T’as des endroits à conseiller à Toulouse ?
Je vais beaucoup à Arnaud Bernard, au Breughel, chez Ginette ou au Petit london, les trucs comme ça !